[Rage] Idée reçue en entreprise: « gratuit, c’est pas cher »

obama

Derrière ce puissant pléonasme de mon cru et dont, je dois l’avouer, je suis assez fier, se cache une bien triste réalité à laquelle j’ai dû me confronter en commençant à travailler tout récemment. N’allez pas croire que je feignantais avant cela, oh non! C’est juste qu’ayant terminé mes études, je viens seulement de commencer à pratiquer mon « vrai » travail, celui de Technicien ES spécialisation Technologies Système, celui pour lequel j’ai engagé des études supérieures pendant 2 ans, *émotion*.

Faire ses premières armes

Après trois mois de bons et loyaux services, j’ai pu me familiariser avec la dure réalité de « la prod », comme on l’appelle entre nous, en la mettant nostalgiquement en parallèle avec nos années d’études remplies de dossiers et de projets divers et variés à mener à bien. Et donc, en prod, tout doit fonctionner rapidement, coûte que coûte, peu importe la manière, c’est un fait. Il faut faire en sorte que le client puisse continuer à utiliser son cher ordinateur/serveur/matériel le plus vite possible. Aussi, le temps devient une denrée si rare qu’il devient nécessaire de savamment la répartir entre différentes tâches à accomplir, sous peine d’être rapidement submergé. Mais là n’est pas le sujet principal de ce billet, duquel je m’éloigne en vous narrant ce retour d’expérience général.

Fausse bonne idée: « c’est gratuit, ça ne coûte rien »

Non, le vrai sujet de cet article, c’est bien cette lancinante rengaine contre laquelle doivent se battre tous les IT du monde. Cette phrase que les patrons, comptables et même parfois employés (!) adorent nous jeter à la figure, car elle leur permet de croire un instant pouvoir économiser beaucoup d’argent. Et permettez-moi de vous dire qu’ils sont nombreux à croire dur comme fer à ce principe que je vais m’empresser de démonter, en espérant ouvrir les yeux à quelques-uns d’entre eux, s’ils me liront un jour, sait-on jamais: tout le monde s’en portera mieux, croyez-moi.

Différents exemples

Voici maintenant quelques exemples qui vont vous montrer pourquoi l’outil ou le matériel qui est acquis pour 0 thune finira par coûter bien plus que le même outil ou matériel acheté.

– Microsoft Office coûte cher à l’achat, c’est un fait. La tentation de passer sous OpenOffice ou LibreOffice pour une boîte peut être tentant et je ne discute pas cette volonté louable de passer sur du libre mais imaginons la chose suivante: si toutes les documentations ont toujours été faites sous Office, cela risque de créer des surprises à l’ouverture des documents. Aussi, si tous les employés et secrétaires sont habitués depuis toujours à travailler sur Office, le coût de formation et de transition entre les deux outils risque d’être bien plus élevé que l’achat des clés de licence.

– Un antivirus efficace et adapté aux entreprises coûte un certain prix. Mais ne regrettera-t-on pas cette économie le jour où il faudra formater toutes les machines car elles ont toutes été infectées par un bête virus que le plus moisi des antivirus aurait stoppé?

– Il peut être tentant de récupérer un ancien serveur pour remonter un système neuf et pourquoi pas l’upgrader quelque peu. Si ce serveur est vital au fonctionnement de l’entreprise, il existe des garanties qui permettent de recevoir le jour ouvrable suivant la pièce de rechange défectueuse. Bien sûr, tout ceci a un prix. Mais qu’advient-il quand un serveur qui n’est plus sous garantie lâche et que les pièces de rechange n’existent même plus?

– Le cloud, c’est gratuit, c’est beau, ça brille et comme par hasard, c’est souvent pas cher. Mais le jour où ce service s’arrêtera sans prévenir alors que toutes les données de l’entreprise sont uploadées Dieu sait où ou que ça passera payant du jour au lendemain parce que, oui, ça peut arriver, on regrettera le non-achat d’un serveur de stockage. Voir aussi cet article traitant du sujet.

Conclusion

Le plus important dans tout cela, c’est que chacun se mette à la place de l’autre: on peut tout à fait comprendre la volonté d’un patron de faire quelques économies et on l’accompagnera bien évidemment dans ce processus, mais PAS sans le prévenir des éventuels risques tels que ceux que j’ai évoqués plus haut. Si les choix sont réfléchis et appliqués en connaissance de cause, on évite déjà pas mal d’ennuis le jour où ça tournera au vinaigre.

9 thoughts to “[Rage] Idée reçue en entreprise: « gratuit, c’est pas cher »”

  1. Oui, c’est beau des généralités mais ça fait pas avancer le schmiliblic ton article …

    Dans ma boutique j’ai fait passer tout le monde d’Office à LibreOffice et c’était des burnes sous office, c’est toujours des burnes sous libreOffice.
    Mais au moins on fais des docs avec des standards … et on a pas nos couilles tenues par MS qui change ses versions et ses formats à chaque fois qu’il veut te faire cracher un peu plus de thunes !

    comme quoi …

    PS: t’en fais quoi des mails récolté dans les commentaires ? tu les vends à la CFF ou la SBB :-)

    1. Tant mieux si ça a marché dans ta boutique, malheureusement ce n’est pas généralisable, surtout dans une entreprise de 30 personnes où les standards sont déjà orientés propriétaires avant ton arrivée.

      Dans la plupart des cas, ces fausses économies se répercuteront sur le travail fourni ou sa qualité, je l’ai vu de mes yeux.

      PS: libre à toi de mettre un mail bidon, ça sert à s’authentifier au cas où tu repostes un commentaire dans le futur. Ah oui, et on dit « aux » CFF. :) « SBB », on laisse ça de l’autre côté de la Sarine. Et je ne vois pas le rapport…

  2. Article très intéressant, mais il faut nuancer. Moi dans mon taf j’ai les 2 exemples opposés :
    – j’ai migré tous les Outlook (beurk) avec des comptes partagés en POP3 (donc un boxon permanent) vers un serveur IMAP hMailServer (gratuit) et des clients Thunderbird. Coût logiciel = 0, gains de productivité : incalculable
    – migrer vers Libre Office : pas envisageable. Compatibilité malheureusement encore trop approximative, utilisateurs totalement hermétiques au moindre changement
    A+

  3. Strik-Strak, je comprends tout à fait ce que tu vis… Travaillant comme IT externe pour des boites qui ne veulent ou ne peuvent investir dans un tel poste en interne, je crois effectivement que notre job ne peut pas se baser sur une analyse purement technique, mais il faut aussi pouvoir en quelques sortes saisir la personnalité du client.

    Il y en a qui au moindre changement d’icône frisent la crise cardiaque. Beaucoup vous te dire, « gratuit c’est pas cher, passons sur OpenOffice », puis finalement, comme cela ne sera pas aussi rose et merveilleux que prévu, te ferons soudainement porter le chapeau du choix. Les écrits restent, les paroles s’envolent.

    Parmi mes amis, certains sont IT internes et malgré leur quantité de travail, j’en conviens, ont du temps pour voir si un connecteur ODBC pour Oracle est compatible avec OpenOffice et pourra débuger tranquillement sans rendre de compte à quiconque. Avoir une multitude de clients (tant mieux), c’est avoir autant de patrons, qui ont besoin que ça marche dans un minimum de temps, faute de quoi vous passerez au « tribunal des heures facturées en trop ». En effet, aux yeux du client, vos êtes le dernier des incompétents de ne pas avoir pu installer son produit alternatif favoris (qui pourtant fonctionne très bien sur l’ordi de sa fille) sans aucun effet de bord dans son entreprise.

    Entre IT, s’il vous plait, parlons de produits qui ont réellement leur place en entreprise. Pensez-vous franchement que MS Exchange n’est qu’un serveur mail « IMAP » amélioré ? Non, j’ai un client dernièrement qui a voulu faire l’économie de ce produit en downgradant sur un vulgaire serveur mail malgé mes avertissements, une semaine plus tard, on a dû faire machine arrière : migration payée deux fois.

    Enfin, pour résumé, je ne suis ni pro MS, ni pro Mac, ni pro Libre. Je réponds a un besoin avec le produit qui convient le mieux selon mon expérience. Quand on est dans le monde pro, on paie moins chère des supports ou des licences, car à la première couille qui fera froller le crash système fatale, les coûts seront bien plus élevés. Cela fait parti selon moi des mesures proactive. Les bonnes décisions nous rendent fières, les mauvaises, puisqu’il faudra vivre avec, pourriront nos vies.

  4. Alors je suis on ne peut plus d’accord avec toi : gratuit ne signifie pas qu’on fera des économies, surtout si le personnel n’est pas formé et « à l’aise » avec l’outil ! Après, rien n’empêche de tester et de faire en sorte de passer au gratuit.

    HS, mais ça me fait plaisir de voir un autre technicien ES ! Moi qui pensais que cette formation n’était pas très bien représentée en Suisse… Par contre, je suis en orientation développement d’applications ;)

    1. Hello,

      Merci d’abord pour ton commentaire. Je ne te savais pas technicien ES non plus! :) Comme quoi, nous sommes plus nombreux qu’il n’y parait. Pas grave si tu es en Dev, il en faut! :P Par ailleurs, Chris, qui a commenté juste un peu plus haut (https://strak.ch/idee-recue-en-entreprise-gratuit-cest-pas-cher/#comment-318), est aussi un technicien ES et lance gentiment son blog.

      PS: bravo encore pour ton appli « Le mot du jour », vraiment sympa!

      1. En fait, pour être précis, je termine ma formation fin septembre, car j’ai encore mon travail de diplôme à faire ;)

        J’irai voir son blog… un Suisse de plus sur le net !

        Merci pour les compliments sur l’application, ça me fait plaisir ! J’espère qu’elle te convient comme elle est et que les mots sont suffisamment intéressants ;)

        1. Ah, le fameux travail de diplôme… courage! Perso, content que ce soit derrière moi! ;)

          Pour ton appli, j’ai déjà découvert quelques mots et j’en proposerai, mais faut que je trouve le temps pour ça! ^^

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